dimanche 13 juillet 2008

Barber Olveras



















Prescott. 11 juillet. Expérience chez un coiffeur américain de province, barber Olveras. Je lui dit que c'est une première. Il m'annonce qu'il ne pourra pas me raser: "depuis deux ans, les barbers ne peuvent légalement plus s'occuper des barbes, sida oblige". A ma question de savoir si c'est une réglementation fédérale ou de l'Etat, il répond de manière assez laconique: "ici, on ne s'occupe que de ce qui se passe en Arizona. On ne va pas, en plus, se préoccuper de ce qu'ils décident à Washington" (ce qu'il démentira rapidement).  Il nous demande quelle est la prochaine étape de notre voyage. Réponse: Arcosanti, expérience urbanistique utopiste des années 70, toujours under progress (voyez un prochain blog). Silence. Puis: "Ouais... nous chassions là jusqu'à leur arrivée. La ville n'est pas prête d'être achevée...". Je tente de le faire parler du projet... en vain. Alors, je passe à un sujet qui me paraît plus évident: la chasse. A nouveau, silence ... et comme un malaise. "Oui, je chasse toujours, avec mes chiens". Après quelques minutes (ou secondes - c'est difficile à évaluer quand on se sent menacé par des ciseaux), comme s'il s'était décidé: "Ben oui, on a toujours eu des armes dans notre famille, et on a toujours chassé. La Cour suprême vient, la semaine passée, de confirmer notre liberté de porter des armes. C'est évident. La Constitution le prévoit, mais il y en a toujours -et il visait les libéraux de la côte Est- pour interpréter les choses, alors qu'il n'y a pas lieu à discuter. Ils essaient à chaque fois de réduire nos libertés, mais ils n'y parviendront pas". Puis, un peu plus tard, l'air amusé: "Nos armes, c'est pour que les politiciens restent honnêtes".  Surprenant. Et en même temps,  évident, ici. De manière simplifiée, il re-dit un principe historique qui fût fondateur: "Chaque citoyen doit pouvoir se protéger contre les interventions arbitraires du pouvoir central". Nos paradigmes sont vraiment différents: nous, européens, imprégnés de l'Etat Providence; eux, d'un Etat dont on attend qu'il n'empiète pas sur la liberté individuelle. Entre-temps, la coupe est achevée et me voilà "américain" ! (Mlu)  

Aucun commentaire: