Prescott. 11 juillet. Expérience chez un coiffeur américain de province, barber Olveras. Je lui dit que c'est une première. Il m'annonce qu'il ne pourra pas me raser: "depuis deux ans, les barbers ne peuvent légalement plus s'occuper des barbes, sida oblige". A ma question de savoir si c'est une réglementation fédérale ou de l'Etat, il répond de manière assez laconique: "ici, on ne s'occupe que de ce qui se passe en Arizona. On ne va pas, en plus, se préoccuper de ce qu'ils décident à Washington" (ce qu'il démentira rapidement). Il nous demande quelle est la prochaine étape de notre voyage. Réponse: Arcosanti, expérience urbanistique utopiste des années 70, toujours under progress (voyez un prochain blog). Silence. Puis: "Ouais... nous chassions là jusqu'à leur arrivée. La ville n'est pas prête d'être achevée...". Je tente de le faire parler du projet... en vain. Alors, je passe à un sujet qui me paraît plus évident: la chasse. A nouveau, silence ... et comme un malaise. "Oui, je chasse toujours, avec mes chiens". Après quelques minutes (ou secondes - c'est difficile à évaluer quand on se sent menacé par des ciseaux), comme s'il s'était décidé: "Ben oui, on a toujours eu des armes dans notre famille, et on a toujours chassé. La Cour suprême vient, la semaine passée, de confirmer notre liberté de porter des armes. C'est évident. La Constitution le prévoit, mais il y en a toujours -et il visait les libéraux de la côte Est- pour interpréter les choses, alors qu'il n'y a pas lieu à discuter. Ils essaient à chaque fois de réduire nos libertés, mais ils n'y parviendront pas". Puis, un peu plus tard, l'air amusé: "Nos armes, c'est pour que les politiciens restent honnêtes". Surprenant. Et en même temps, évident, ici. De manière simplifiée, il re-dit un principe historique qui fût fondateur: "Chaque citoyen doit pouvoir se protéger contre les interventions arbitraires du pouvoir central". Nos paradigmes sont vraiment différents: nous, européens, imprégnés de l'Etat Providence; eux, d'un Etat dont on attend qu'il n'empiète pas sur la liberté individuelle. Entre-temps, la coupe est achevée et me voilà "américain" ! (Mlu)
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